samedi 20 juillet 2013

THE THERMALS [USA] @ LA PÉNICHE, LILLE, FR - 20/07/2013


Samedi 20 juillet 2013, il est presque 20h00, nous sommes à Lille, juste en face de La Péniche, salle de concert flottante de l‘avenue Cuvier, le long de l‘Esplanade, bien connue des lillois qui y vont depuis quelques années applaudir des groupes et artistes plutôt étiquetés rock indépendant ou pop. Il me semble que les promoteurs du lieu sont l’agence de booking "A Gauche de la Lune". Ceci expliquant peut-être cela. D’où un étonnement certain à me retrouver à La Péniche, n’y étant jamais venu auparavant. Mais ce soir, c’est particulier. D’abord parce qu’on est au cœur de l’été, qu’habituellement en cette saison il est peu fréquent d’aller voir des concerts dans des salles ou clubs, c’est plutôt une saison de festivals et plutôt de fermeture pour les lieux de concerts privés ou subventionnés. 

Ce soir ce sont THE THERMALS, en tournée européenne estivale, qu’on attend. Des américains de Portland, Oregon. Un trio mixte fondé en 2002, plutôt assez bien connu dans le milieu du rock indépendant, qui a bonne presse et une cote d’enfer auprès des amateurs, dont je suis, de cet Indie Rock US aux influences 90’s indéniables. C’est en effet du côté d’une power pop énergique et racée, d’un punk rock mâtiné de pop fiévreuse et juvénile  qu’il faut classer THE THERMALS. Si vous vous souvenez de SUPERCHUNK, YO LA TENGO, les premiers ASH (les irlandais), LEMONHEADS ou BUFFALO TOM, les meilleurs albums des REPLACEMENTS, des FEELIES, des RENTALS, des GUIDED BY VOICES, si vous complétez le tableau par un côté « c’est tout droit - on ne se pose pas de questions - c’est direct dans ta face » à la THUGS, vous y êtes presque. Ajoutez une dose de fraîcheur, de fausse naïveté, de modernité dans le son et là on s’approche à peu près du portrait final. Il me tardait donc de les voir en vrai, qui plus est sur une petite scène, qui plus est encore, à Lille.

Le prix du ticket (11€ en prévente ou 12€ sur place) me paraît cher, surtout qu’il n’y a pas de support band. Mais au Diable l’avarice, THE THERMALS sont d’après mes sources et mon intuition, l’un des groupes qui feront parler d’eux dans les années à venir. Il faut dire aussi qu’ils ont signé 6 albums chez Kill Rock Stars Records, chez Saddle Creek Records et surtout chez Sub Pop Records, le mythique label de Seattle, qui fête ses 25 ans cette année. Je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler le catalogue prestigieux de ces labels de légende. Un ami m’ayant dit beaucoup de bien de leur récente prestation bordelaise, je suis assez excité de voir le trio dans ses œuvres.

Il y a un peu de monde dans la salle, ça me rassure, à vue de nez 30 personnes, peut-être plus. J’ai l’impression étrange de revivre le concert de CHOKEBORE à Lille, dans les 90’s, au Kaméléon (devenu La Chimère bien après) où il y avait 30 personnes également. C’est donc plutôt bon signe quand on voit le parcours de CHOKEBORE par la suite. Certains traînent sur le pont, trinquent en terrasse. Lorin Coleman, batteur de THE THERMALS prend des photos depuis le pont de la péniche, Kathy Foster, la bassiste, est dans un hamac, Hutch Harris, le chanteur guitariste, se promène dans la salle et discute avec leur merch girl. D’autres se restaurent au food truck qui est installé sur la rive. Je reconnais quelques visages, des musiciens locaux. J’en salue quelques uns. Le public est mature et je suis étonné de constater qu’il y a à Lille quelques connaisseurs qui se sont donné rendez-vous au show de THE THERMALS. Car le mystère de THE THERMALS vient également du fait qu’ils n’inventent rien, qu’ils semblent sortis tout droit d’un back catalogue d’un obscur label indépendant millésimé 1995. C’est le rock qui faisait les beaux jours des College Radios durant les 90’s, merde, ça me paraît être il y a une éternité! Pourtant ils ne sont ni passéistes, ni nostalgiques, ils font ce qui semble être le plus naturel pour eux, du rock. En tout cas ils ne joueront pas devant une salle vide. 

Il est 20h50 quand le trio entre sur scène. Pas de chichi, c’est parti! Une set list longue comme le bras, mélangeant des titres choisis parmi leur 6 albums, et tous les singles ou presque y passeront. L’énergie est bien là. Et quel son!! Ça sonne comme une tonne de brique, c’est compact et massif. Le guitariste armé de sa Telecaster Thinline envoie des riffs faits d’accords pleins, comme au bon vieux temps ai-je envie de dire, le batteur ne s’est absolument pas embêté d’un kit compliqué, jouant de manière minimaliste mais hyper efficace sur une grosse caisse, une caisse claire, un charley, une ride et une crash. Aucun tom. C’est rare. Mais ça fonctionne. La bassiste-choriste tient le groove de manière remarquable. Des lignes de basse mélodiques, bien senties, ni trop simples ni trop compliquées. J’aime ce jeu. Le son est rond et percutant, il soutient l’ensemble comme une colonne vertébrale inébranlable. Les titres sont enquillés sans fioritures. Ils ne sont pas là pour enfiler des perles. Ça défouraille sec sur cette microscopique scène, point barre. Et c’est ça qui est jubilatoire. Le public réagit super bien, ça hoche de la tête, ça opine du chef, ça trépigne de la Converse, ça remue sur la pulsation, ça sourit au voisin, un peu comme dans ce clip pour Dirty Boots de SONIC YOUTH. C’est sage, mais ça surkiffe, ça se voit. Pas de bavardage entre les morceaux, à peine de temps en temps de très polis « Thank you so much ». Ça fera mon affaire. Après la démagogie puante des groupes du Main Square, ça remet bien les choses à leur place. Celle de la musique. Les moments les plus réjouissifs sont lorsque le groupe balance ses titres les plus connus (c’est relatif hein, c’est une formule), comme « I Don’t Believe You », « We Were Sick »,  « I Called Out Your Name » ou le supersonique tube « Now We Can See » et ses addictifs « Ho Wé Ho Ho Wah Oh » qui hanteront vos nuits pour les 20 prochaines années. Ça fait du bien. Rien n’est perdu pour le rock quand on assiste à un concert de THE THERMALS. Je me dis juste que si c’était un groupe français, et il y en a en France dans ce registre, je pense à mes amis de CANTHARIDE (album toujours disponible sur Red Plane Records), il n’y aurait personne au concert. C’est triste mais c’est ainsi. 

Le show de THE THERMALS n’aura duré qu’une petite heure, sans rappel. C’est dommage, ça laisse un goût de trop peu. Il est encore tôt mais il fait trop chaud pour rester dans la salle. Après avoir échangé quelques mots ici et là, nous reprenons la route vers nos chères pénates, le sourire aux lèvres, la tête embrumée mais avec le sentiment d’avoir assisté à l’un de ces petits moments magiques qui font tout le charme, tout l’indispensable du rock. Ils seront à Gand le 24 juillet pour le Boomtown Festival, ne les ratez pas cette fois.

**Chris Hamilton** 


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